A l’écoute des 33 tours, un rêve qui dessine son sillon…

(« PREMIERS SYMPTOMES D’UNE VOCATION » – TEMPS 2)

Je n’ai connu mon grand-père paternel qu’au travers des récits de mon père, qui sut me le dépeindre comme un très respectable chanteur amateur. De lui me sont restés quelques « vinyles » mythiques, restituant des interprétations de la CALLAS ou de CARUSO ainsi qu’une sélection des grandes symphonies. Il me suffisait de faire grésiller ces témoins du passé pour m’évader aussitôt dans un univers magique, générateur de sensations délicieuses…

C’est toutefois le jour où je reçus d’une tante le Requiem de MOZART que le vrai miracle se produisit : d’une heure à l’autre, me voilà désormais vociférant en boucle le Tuba mirum, convaincu que j’étais d’être promis à une brillante carrière de … basse profonde ! Preuve des doutes bien présents à l’époque quant à ma tessiture définitive, l’air de… La Reine de la nuit gagna rapidement une place non moins importante dans mon court répertoire !

La figure des grands chefs d’orchestre me fascinait : étais-je laissé seul à la maison que je me faisais aussitôt une joie d’enfiler le frac de mon père, subtilisant en guise de baguette une aiguille dans la boîte à tricot maternelle ! Au-delà de cette mise en scène qui ne peut que faire sourire aujourd’hui, il est clair que j’avais déjà, alors, une conscience très précise de ce qui ferait ma passion – peut-être même mon métier ?! – tout au long de ma vie…